Voir aussi article précédent » La petite cabane de Pors Beac’h »
Ça y est, c’est fait, la petite cabane a retrouvé sa place , appuyée contre l’Abri du Marin. Le chantier de reconstruction a débuté en mars 2021 juste à la suite de l’autorisation délivrée par la municipalité de Logonna-Daoulas mais a pris ensuite beaucoup de retard puisqu’il n’a pu reprendre qu’au mois de septembre faute de bois disponible chez le fournisseur. Fin du chantier « comme de juste » en novembre, Miz du, mois noir à l’image de la cabane !
Il nous aura juste manqué les vitres, en verre « sécurit », des voitures, 4L, arondes, frégates peut-être ? qui avaient composé l’ancienne baie vitrée de la cabane pour la reconstruire complètement à l’identique… Les aspirations au recyclage ne datent pas d’aujourd’hui ! Nous sommes restés dans l’esprit « récup »en la remplaçant par un châssis de fenêtre apporté par l’un d’entre nous.
La porte « pièce d’origine » va pouvoir ouvrir sur de nouvelles aventures. Lorsque nous avons demandé à la mairie de Logonna-Daoulas de pouvoir disposer du lieu, l’idée allait bien sûr avec le besoin d’un peu plus de place pour l’AUPB à côté de l’abri du marin mais aussi l’envie, la volonté, de ne pas voir disparaître cette pièce du patrimoine maritime, bien mal en point au moment où on nous l’a confiée. La cabane « Madec ».
La cabane « Madec », il ne faudra pas fouiller trop loin dans les souvenirs pour rapprocher ce nom de l’usine dont il reste quelques vestiges à Daoulas. Eh oui le lien existe entre la cabane que nous venons de restaurer et l’image qui suit…
Phildu puis Erell étaient les derniers pêcheurs « pros » qui y avaient abrité leurs outils, leur cirés. Combien d’autres s’étaient penchés sur le petit établi sous la fenêtre ? Charlot Diverrès, combien d’autres y avaient pesé les coquilles ? Il n’est pas certain en effet que Jean Madec fût le premier.
Toujours est-il que pesées là, les coquilles ne s’arrêtaient pas à Daoulas, elles poursuivaient aussi vers Paris et Nantes…
La cabane à Jean Madec n’étaient pas la seule à Pors Beac’h, et il y en avait une aussi une au long de la côte vers Kersinig, à la pointe juste avant Pors Beac’h, là où on débarquait huîtres et coquilles là aussi avant qu’Adolphe construise. Les ruines y sont encore, noyées dans les ronces. Il y avait d’autres abris à la Pointe du Château. Là-bas c’étaient les cabanes « Doizon », du nom de l’entreprise de Châteaulin qui les construisait, en dur.
À Pors Beac’h il y avait, à notre connaissance, cinq cabanes. Il en reste trois debout aujourd’hui et une dont les fondations surplombent le port au dessus de la cale, celle à Albert Le Gall, construite en 1960. Elle servait à Pierre Vigouroux, de Kerascoët, qui y rangeait son matériel. Cette cabane aurait été détruite en 1984. On ne sait pas pourquoi. Il reste l’emprise au sol…
La grande cabane sur le port, la cabane à Jakig Perés, n’a pas toujours été seule à cet endroit, devant la mer, pour le travail des huîtres. Il y avait la cabane à Isidore Le Meur, plus petite, à la perpendiculaire de cette dernière. Sa cabane a disparu quand Adolphe Mezou a repris l’affaire et a fait construire, en dur, derrière au fond du port. En vis à vis de celle que nous avons restauré il y avait, il y reste aussi, avec sa toute nouvelle porte, la cabane à Jean-Yvon Salaun, patron du « Petit Jean ». C’est la dernière des trois qui existent encore.
Dans les années 60, celles et ceux, surtout celles, qui travaillaient là, triaient les huîtres, pesaient les coquilles, chaulaient les tuiles pour la récolte des naissins, pour l’huître plate… « Un travail à se brûler les jambes ». Ces années là, au travail dans les cabanes, on écoutait sur les transistors les nouvelles émises par Radio Conquet. À l’époque ils donnaient la position des navires, on pouvait les suivre et se rassurer et il y avait de quoi faire pour se rassurer parce qu’ils étaient nombreux au loin les bateaux de Pors Beac’h.
Des bateaux à relier aux cabanes comme le « Petit Jean » à celle de Jean-Yvon et aux métiers qui avaient justifié qu’elles soient construites. Patrons pêcheurs, affréteurs, mareyeurs…
La plupart des bateaux étaient dédiés à la coquille et à l’huître plate. Pourtant, avec des bateaux construits pour draguer la coquille et le maërl, des pêcheurs de Pors Beac’h partaient traquer le maquereau du côté de l’Aber Vrac’h. Ils s’y trouvaient en concurrence avec les Douarnenistes qui les reconnaissaient au loin comme « L’escadre noire ». On trouvait des marins de Pors Beac’h jusqu’en baie de St Brieuc, l’été. Ils faisaient le goémon en rade également.
L’Écume », le « Général De Gaulle », coquillier construit à Rostellec chez Tertu comme le « Loch Monna », qui court toujours la rade… Le « Jean-Claude », « La Douleur des flots », « L’indomptable », le « Jim », « Les Misérables » « Tempête »… Lequel encore ?
Jakig prêtait sa cabane pour toutes les fêtes. Parmi feux, bouts et bouées exposés dans cette cabane, les médailles que Corentin avait remporté lors des régates à Moulin Mer avec le « Général De Gaulle ».
Julien, son petit-fils l’a prêtée de nombreuses fois depuis, en l’an 2000 notamment pour commémorer les fêtes initiales et en 2016 lors du rassemblement à Pors Beac’h en lien avec « Brest 2016 ». Cette cabane figure parmi les emblèmes du lieu.
Puisse-t-on réunir les volontés pour décider de sa restauration. Il y a tant à dire, à écrire et à partager…
Un grand merci à Bernard, Alain, Gilbert, Noël, Christian, Catherine Jean-Michel, Olivier, Nicolas pour le travail réalisé sur la cabane Madec. À Dédé aussi, pour son soutien moral et à tous les blagueurs qui « n’auraient pas fait comme ça », à Marguerite enfin pour le petit voyage dans le passé !
Vous trouverez ci-dessous, en complément, des images qui rendent compte des étapes du chantier et du travail réalisé par les bénévoles de l’Association des Usagers de Pors Beac’h. Travail quelque peu magnifié par l’apport des photographies réalisées par Gilbert Le Moigne tout au long de la reconstruction . Vous les reconnaîtrez ! Grand merci à lui aussi.
(À suivre)